mardi 27 novembre 2012

Les drones : « La règle, c’est que le Général qui triomphe est celui qui est le mieux informé » (Sun Tzu)


      Prévoir les mouvements de l’ennemi, suivre le déploiement de ses unités et prévenir toute mauvaise surprise ont toujours conditionnés et causés la victoire des uns et la perte des autres. Les moyens et outils de collecte d’informations sur les champs de batailles n’ont cessé d’évoluer et de se perfectionner avec l’avancée de la technologie. Ce rôle primordial jadis remplit par l’élément humain dit « éclaireur » laisse de plus en plus place à des machines dont la mobilité, la discrétion et l’endurance dépassent de loin les capacités physiques de l’Homme. En effet, les armées modernes se basent sur un dispositif de « reconnaissance » très large comprenant plusieurs moyens terrestres, aériens voire spatiaux.

Depuis l’introduction de l’avion dans les champs de batailles depuis la 1ère guerre mondiale, ses fonctions opérationnelles n’ont cessé de s’élargir changeant ainsi le visage de la guerre à tout jamais, de part sa vitesse sa grande autonomie en plus du fait qu’il opère à des altitudes importantes lui conférant un champs de vision énorme, l’avion constitue sans doute l’un des meilleures moyens de reconnaissance sur terrain.

Cependant  s’aventurer derrière les lignes de l'ennemi afin de récolter le maximum d’informations vitales n’est pas escompte de danger surtout dans un monde où la couverture radar et les moyens de défense aérienne sont de plus en plus répandus et perfectionnés, de ce fait pour un double objectif  d’épargner la vie précieuse des pilotes et d’autre-part de discrétion avancée, les drones se sont imposés comme une véritable alternative à l’avion classique autant qu’outil de reconnaissance.

Connus dans le jargon militaire par l’abréviation UAV (unmanned aerial vehicule), les drones sont des avions à voilure fixe ou à rotor, sans pilote télécommandés depuis le sol et dont le principal rôle est la reconnaissance en milieux hostile. Les drones représentent un avantage opérationnel indéniable d’abord grâce à leur discrétion irréprochable, la signature radar (radar cross section) des UAV est tellement minuscule qu’ils sont souvent confondus avec des oiseaux par la plupart des radars terrestres de même que pour leur signature infrarouge grâce à une motorisation très discrète, d’autre-part les drones sont équipés de caméras infrarouges très performantes et de systèmes de liaison de données permettant d’envoyer des vidéos de façon instantanée aux postes de contrôle auxquels ils peuvent être liés par satellite à des milliers de Km de distance.


La famille des drones comporte une large gamme de types différents chacun dédié à des missions pointues, sans être exhaustif on peut en citer les plus connus :

SUAV : pour Small UAV c’est des mini drones, qui peuvent être emportés par un fantassin, ce genre de mini drones servent principalement pour les forces spéciales et leurs sont d’une aide capitale lors d’un raid ou opération d’infiltration en plein territoire ennemi (exemple : RQ-11 Raven)

TUAV  : Tactical UAV c’est les UAV les plus utilisés par les armées de terre, volant à des altitudes moyennes dépassant les 3km et qui peuvent avoir une endurance jusqu’à 48H, ces drones servent principalement de yeux pour l’artillerie, ils transmettent aux régiments d’artillerie les coordonnées de toute concentration ennemi de leur trajectoire et vitesse afin d’orienter leur feu (exemple : Watchkeeper WK450)

UAV MALE : Medium-altitude long endurance unmanned aerial vehicule, sont des drones qui opèrent à des altitudes qui peuvent dépasser 7km et qui ont une grande autonomie de plusieurs centaines de KM, c’est des drones qui peuvent servir pour un large spectre de missions, notamment la surveillance maritime, la surveillance de frontières… (exemple : Anka, Heron)

UCAV : Unmanned Combat air vehicule : c’est généralement des drones MALE armés afin de mener des missions de lutte antiguérilla, lutte anti-trafic de drogues et armes voire mener des assassinats  (exemple : MQ-9 Reaper)

HALE UAV : High Altitude Long endurance mission: il s’agit de drones de reconnaissance-stratégique, c’est de véritables mini-satellites qui opèrent à des altitudes vertigineuses au-delà de 15km d’altitude, avec une autonomie de milliers de km et ont la capacité d’aller espionner tout territoire ennemi, notamment les sites nucléaires ou d’armement non-conventionnel (exemple : RQ-4A Global Hawk)

Le Maroc est actuellement sans doute le pays nord africain dont les moyens de reconnaissance sont les plus avancés d’un point de vue technologique, le F16 marocain est doté de la nacelle de reconnaissance DB110 Goodrich dotée de caméra thermique très performante à haute résolution permettant au F16 de mener des missions de reconnaissance de jour comme de nuit et le partage des informations collectionnées de façon instantanée avec les autres unités ou centre de commandement grâce à la liaison de données, de plus le Maroc dispose d’autres moyens de reconnaissance notamment  la nacelle de désignation ATP XR sniper du F16, la nacelle de désignation Damocles des Mirages F1 modernisés, la nacelle d’analyse de signaux ASTAC, avions RC-130 dédiés à la reconnaissance… en ce qui concerne les Drones le Maroc peut se prétendre bénéficier de l’armée la mieux équipée en la matière en Afrique du nord, le Maroc dispose de plusieurs systèmes de drones notamment le RQ-11 Raven pour l’infanterie, le Skyeye R4E-50 et le Ignat-ER pour l’artillerie et la surveillance des frontières ainsi que d’autres systèmes américains dédiés pour la surveillance maritime, des frontières et de la lutte antitrafics de drogues et antiterrorisme.

En fidèle adepte de la doctrine Soviétique , l’Algérie a longtemps négligée les drones et s’est toujours basée sur les avions classiques pour mener les missions de reconnaissance notamment sur le MIG25 Foxbat, cependant la guerre entre la Russie et la Géorgie en 2008 a démontrée l’intérêt des drones aux yeux des Russes et des pays comme l’Algérie qui en sont influencés. Suite aux leçons tirées de la Guerre de Géorgie la Russie n’a pas tardé à faire appel aux Israéliens afin de rattraper son retard en la matière et développer ses moyens de reconnaissance opérationnelle. Dans l’absence de drones issues de l’industrie russe capables de rivaliser avec les contreparties occidentales, l’Algérie a fait le choix d’opter en petite quantité pour les drones Sud-africains « Seeker » et « Seeker 2 », drones tactiques de reconnaissance mais qui sont loin de remplir les besoins algériens, vue l’étendue du territoire et les besoins pressants de lutte anti-terrorisme. Face à un embargo non déclaré de la part de l’occident, l’Algérie a tenté de trouver des alternatives, à ce sujet des rumeurs circulent autour de l’acquisition de drones iraniens de type Ababil-5.

L'information tel que cela a été précisé par SunTzu demeure une arme capitale qui ne peut être négligée peu importe la puissance de feu dont on dispose.

vendredi 23 novembre 2012

Leadership & stratégie



Le pouvoir d'influencer les gens, les faire fédérer et défendre une cause donnée nécessite de toucher leurs cœurs et leur faire croire en un gain morale, symbolique et immatériel pour lequel ils vont se dévouer voire se sacrifier. l'intensité du pouvoir de manipuler les gens dépend de la profondeur symbolique et spirituelle de la cause défendue et de la puissance de l'endoctrinement qui en découle, le sommet du leadership est quand la cause est personnifiée et que le leader arrive à résumer "la cause" en sa personne physique, ceci lui confère un pouvoir absolue sur ses suiveurs ,cependant dans ce cas, ce pouvoir ne pourrait être hérité ou institutionnalisé pour garantir la pérennité de l'organisation après la mort du leader fondateur.

Les formes de leadership et ses moyens d'influence diffèrent et dépendent principalement des sources du leadership qui peuvent être religieuses, politiques, financières, scientifiques.... De plus leadership et phénomène de groupe vont toujours de pair, le leader ne voit le jour et ne tire sa légitimité qu'au sein d'un groupe qui n'est qu'un groupement d'humains réunit autour d'un certain nombre de valeurs, principes ou but communs, le leader est souvent reconnu comme une référence en matière de respect des valeurs communes du groupe, reconnaissance souvent tirée suite à l'âge, un palmarès exceptionnel ou sacrifices donnés pour la cause ou valeurs du groupe.

Pour gouverner un groupe et réaliser les buts qu'il s'est tracé, le leader doit faire preuve d'intelligence stratégique, ce qui lui permettra de conserver sa position de chef et en même temps d’augmenter sa crédibilité grâce à des réalisations concrètes. De ce fait et ce depuis l'antiquité les leaders ont toujours cherché à se faire entourer de sages stratèges qu'ils consultent sur chaque pas à mener que cela concerne la gestion des affaires intra-groupales ou des relations avec le monde extérieur. Un stratège est donc une personne qui agit dans l'ombre, dont les réalisations ne sont connus que d'un cercle très fermé autour du chef et que le commun des membres du groupe ne sont pas sensé le connaitre ou l’aimer, c'est souvent une personne peu sociable et détestable, un cerveau rationnel au sang froid et à la langue aiguisée au service du leader et qui a comme rôle d'avertir le leader, de le critiquer et de toujours poser les questions qui fâchent même s’il risque de vexer le leader lui même. Un habile stratège est celui qui arrive à prévoir la crise au milieu la prospérité, qui détecte le danger au milieu de la sérénité et qui a le don d'écouter les subtilités des choses.


Les interactions entre intelligence stratégique et leadership sont multiples et peuvent déboucher sur plusieurs configurations différentes :

- Un stratège doué, mais qui sert un leader borné qui accepte mal la critique, peut se voir réduire en un flatteur qui applaudit chaque décision même catastrophique du leader dans le seul but de se faire remplir les poches et éviter de s'attirer les foudres des factions de l'élite.

- Un stratège super doué, qui peut prévoir chaque pas de son maître  peut finir par perdre la tête à cause de son talent car Il sera perçu tôt ou tard par le leader comme une menace.

- La formation de factions ou sous-groupes au sein même du groupe peut biaiser les conseils d’un stratège dont le but ne sera plus la cause ultime du groupe mais plus tôt l’intérêt étroit de sa propre faction.

- un stratège pourtant bien doué cache ses vrais talents de peur de s’attirer les envies d’autres conseillers plus influents et donc finir par priver le leader de conseils vitaux.

Pour être leader il suffit de faire croire les gens en soi ou en sa cause, savoir parler et toucher les cœurs ont souvent été suffisant de par l’histoire pour lever de grandes armées et mener des conquêtes. La nécessité d’être appuyé par une intelligence stratégique n’est pas souvent une chose urgente pour un leader, l’effectif peut épargner de stratégie, il suffit de bénéficier d’une supériorité numérique écrasante vis-à-vis de l’ennemi lors d’une bataille pour arriver à la victoire même avec le général le plus incompétent au monde. Cependant à force qu’on est relativement faible et que nos moyens et ressources sont limités on fait de plus en plus appel à la stratégie en-vue d’éviter toute erreur qui pourrait être fatale au groupe et sa survie.

Leadership et intelligence stratégique sont rarement réunis en une seule et unique personne, il est rare où l’humanité ait connu des hommes du Calibre de Alexandre le grand, Saladin ou Napoléon Bonaparte… ceux rares connus ont su grâce à leurs dons soumettre le monde !