La supériorité numérique,
technologique et la puissance de feu des armées modernes ne mènent forcément
pas toujours à éradiquer une guérilla ou milice populaire bien inférieure sur
tous les stades déjà cités .en effet l’échec de l’Otan à éradiquer les Talibans,
la défaite Israélienne consécutive face au Hezbollah en 2006 ensuite face au
Hamas en 2009 et 2014 sont autant d’exemples qui confirment le constat.
Pourquoi les forts leur arrive-il de perdre ? et quelles sont les raisons qui
permettent aux faibles de l’emporter des fois sont autant de questions qui
intriguent les penseurs militaires occidentaux. Après avoir analysé plus
de 200 conflits asymétriques depuis 1800 dans son ouvrage « How the weak
Win wars » l’auteur américain Ivan Arreguin-Toft a conclu que le fort
l’emporte en moyenne dans 71,5% des cas. L’analyse devient plus intéressante si
on détail le chiffre et son évolution temporelle depuis 1800 jusqu’à nos jours,
en effet de 1800 à 1849 le fort l’emporte à 88,2% des cas ; de 1850 à 1899 à
79,5% ; dans la 1ère partie du 20ème siècle le chiffre recule à 65,1% ensuite à
48,8% dans la période post 1950.
L’auteur tente d’expliquer le
phénomène en concluant que l’interaction des stratégies suivis par le fort et
le faible et le choix de la stratégie choisi face à son adversaire qui
déterminent le sors du conflit, l’auteur identifie deux classes majeures de stratégies
. « Stratégie directe » qui vise à détruire les capacités militaires de
l’adversaire et « stratégie indirecte » qui vise à anéantir la volonté de
combattre de l’ennemi et l’inciter à résigner.
On retiendra à Ivan Arreguin-Toft
le mérite de prouver statistiquement le phénomène.la question n’est pas aisée
puisque plusieurs facteurs peuvent mener à la victoire des uns ou à la défaite
des autres.
Adrew Mack revient quant à lui à
l’expérience française en Indochine suivi 20 ans après par celle des Etats-Unis
au Vietnam dans « Why big nations lose small wars :the politics of asymmetric
conflict ». l’auteur explique que la victoire politique des faibles n’implique
pas forcément défaite militaire du fort mais plus tôt incapacité de celui-ci de
justifier le coût financier et humain de son implication que cela soit aux yeux
de ses troupes pour garder leur moral au haut niveau ou au yeux de son peuple
dont le soutien de l’effort de guerre est déterminant. Selon l’auteur le
conflit pour le faible est une question de survit alors que le fort peut jeter
l’éponge à partir du moment qu’il perçoit que son projet de guerre n’est plus
rentable alors pour limiter les dégâts il se retire.
Jeffrey Record s'interroge sur la
question en se focalisant beaucoup plus sur la manière des Etats-Unis à penser
et mener la guerre, selon lui les décideurs politiques de son pays ne
considèrent pas la guerre comme instrument politique mais comme une alternative
à celle-ci ,un pas de non retour qui doit forcément conduire à une victoire
quelque soit le prix même si l’utilisation de la force punitive devient stérile
tout en fermant les yeux sur les issues politiques pour la résolution des
conflits. Pour lui la victoire militaire n’est jamais une fin en soi si elle ne
conduit pas à atteindre l’objectif politique préalablement établi par le fort à
ce titre l’auteur revient sur l’échec politique américain en Iraq.
Sun Tzu l’auteur de l’art de la
guerre soulignait que « l’invincibilité se trouve dans la défense, et la
possibilité de victoire se trouve dans l’attaque » en effet cette citation
cache beaucoup de vérités qui restent réalistes jusqu’à nos jours, une
relecture des 13articles de suntzu d’un œil contemporain peuvent donner
explication voire prédire le sors de conflits présents et futures.
Selon SunTzu 6 paramètres peuvent
mener à la victoire ou causer la défaite :
1 .La volonté de combattre dont
l’intensité résulte de la cause qui sera perçue comme légitime ou illégitime
que ça soit au yeux des troupes des deux antagonistes ou à l’égard de la
population civile qui habite dans le territoire disputé.
Exemples de victoire du fort face
au faible :victoire de l’Espagne contre l’organisation terroriste ETA, victoire
de l’ANP algérienne face au GIA.
Exemples de perte du fort face au
faible : la France en Indochine et en Algérie.
2. La supériorité numérique
3. La discipline qui conditionne
la compétence tactique
4. Les armes ou bien la
technologie utilisée par les uns et les autres : la portée des armes, mobilité
et précision de tire et le rapport coût/efficacité par rapport à l’antagoniste,
il ne sert à rien de gaspiller par exemple un missile de l’Iron dome Israélien
à 200K USD le missile pour contrer un obus du Hamas de type Grad de 10% le prix
5. La géographie : une guérilla
opère plus aisément dans un environnement montagneux (exemple :
taliban,hezbollah…), une jungle tropicale(FARC, Viêt-Cong…). Par contre la
guérilla est défavorable à découvert en terrain aplati désertique où il n’est
pas aisé de surprendre l’ennemi (Sahara marocain cas du Polisario)
6. Le climat : généralement un
territoire où il fait difficile d'opérer en hiver est toujours favorable à la
guerre asymétrique (exemple : échec de Napoléon et des Nazis à envahir la
Russie, le cas des Talibans en Afghanistan, le cas des Tchétchènes…)
Analyse de quelques conflits en
se basant sur les 6 paramètres cités ci-dessus :
|
PARAMETRES
|
|
||||||
Antagonistes
|
La Cause
|
Sup.numérique
|
discipline
|
armes
|
géographie
|
climat
|
total
|
|
VS
|
Israel
|
0
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
3
|
Hezbollah
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
VS
|
Maroc
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
6
|
Polisario
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
VS
|
USA
|
0
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
3
|
Viêt-Cong
|
1
|
0
|
1
|
0
|
1
|
1
|
4
|
L’échec cuisant de l’Otan en
Afghanistan qui rappel la mésaventure de
l’URSS dans le même pays 11 ans au paravent, laisse apparaître plus d’une
question sur les raisons de l’échec de la force militaire face à un ennemi
faible matériellement, une fois de plus la pensée militaire est amené à donner
des explications tangibles et élaborer des modèles et théories qui peuvent
aider les politiques à décider des guerres futures et les faire sortir de
l’indécision pour pacifier les menaces urgentes que représentent certaines
organisations asymétriques comme l’Etat Islamique en Iraq, Les Houtis au Yémen
et Boko-Haram au Nigéria…
Bibliographie :
How
theWeakWinWars, Ivan Arreguin-Toft
http://www.fd.unl.pt/docentes_docs/ma/aens_MA_20004.pdf
Why Big nations
lose small wars, Andrew Mack
http://web.stanford.edu/class/polisci211z/2.2/Mack%20WP%201975%20Asymm%20Conf.pdf
Why the strong
lose, Jeffrey record
http://strategicstudiesinstitute.army.mil/pubs/parameters/Articles/05winter/record.pdf
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